Paris – Le Premier ministre français Sébastien Lecornu veut suspendre la réforme controversée des retraites du président Emmanuel Macron et fait ainsi un pas en faveur de l’opposition dans la crise politique. Comme l’a annoncé Lecornu dans sa déclaration gouvernementale, le relèvement progressif de l’âge de la retraite jusqu’à 64 ans sera suspendu jusqu’en janvier 2028. « Cette suspension vise à créer la confiance nécessaire pour développer de nouvelles solutions », a déclaré Lecornu aux députés de l’Assemblée nationale à Paris.
Cette annonce rend moins probable le renversement de Lecornu et de son gouvernement nouvellement élu lors du vote de censure de jeudi demandé par le Parti de gauche et la droite nationale française. Comme l’a signalé le leader du groupe parlementaire socialiste Boris Vallaud, les socialistes ne voteront pas contre le gouvernement lors du vote. Cependant, comme les partis ne pratiquent pas le vote obligatoire par faction, le résultat du vote ne peut pas être calculé à l’avance avec certitude.
Lecornu dépend de la tolérance de l’opposition
Le camp gouvernemental ne disposant pas de majorité à l’Assemblée nationale, Lecornu dépend du soutien ou de la tolérance de partis qui ne sont pas impliqués dans son gouvernement. Dans le cas contraire, son gouvernement de centre droit risque d’être renversé après seulement quelques jours de mandat.
Les socialistes avaient demandé la suspension de la réforme et en avaient auparavant fait une condition pour tolérer le nouveau gouvernement de centre droit. « Nous n’avons qu’une boussole, l’intérêt du pays, l’intérêt des Français », a déclaré Vallaud, justifiant la position des socialistes. « Je suis conscient de ce que cela nous coûte. Nous prenons un risque, une entreprise risquée, dont seul l’avenir nous dira. » Vallaud a également souligné que si le gouvernement devait tomber et que de nouvelles élections étaient organisées, il y aurait un risque de progression de l’extrême droite de Marine Le Pen. Cela met en danger la démocratie et l’État de droit en France.
Malgré le changement de cap du Premier ministre, la crise politique en France n’est pas encore résolue. Depuis les élections législatives anticipées de l’été 2024, l’Assemblée nationale est divisée en plusieurs blocs politiques, dont chacun ne dispose pas d’une majorité capable de gouverner, mais qui ne forment pas non plus d’alliances viables et ne se bloquent pas. Les coalitions comme celles en Allemagne sont inhabituelles en France. Le nouveau cabinet de Lecornu est le quatrième gouvernement depuis les élections.
La réforme a déclenché des protestations massives
La réforme des retraites, adoptée sans vote par le Parlement au printemps 2023, a donné lieu à des mois de manifestations massives en France. Le projet clé du second mandat de Macron a été justifié par un trou dans le fonds de pension. Avec la réforme entrée en vigueur il y a deux ans, l’âge maximum de la retraite est augmenté progressivement de 62 à 64 ans. L’âge de la retraite est désormais passé à 62 ans et neuf mois. Cependant, ceux qui n’avaient pas cotisé suffisamment longtemps devaient travailler plus longtemps pour avoir droit à une pension à taux plein.
Lecornu appelle désormais à un nouveau débat sur la réforme du système de retraite. Cependant, le système doit rester équilibré sur le long terme et ne doit pas aggraver le déficit public déjà élevé de la France. « Le coût du système de retraites sera de 400 millions d’euros en 2026 et de 1,8 milliard d’euros en 2027. Cette suspension bénéficiera à terme à 3,5 millions de Français. Elle doit donc être compensée financièrement, notamment par des mesures d’économies. »
Lecornu a proposé d’organiser une conférence sur les retraites et le travail en concertation avec les partenaires sociaux. Si cela aboutit, le gouvernement mettra en œuvre l’accord dans la loi et le Parlement prendra une décision. « Dans le cas contraire, c’est aux candidats à la présidentielle de présenter leurs propositions et aux Français de les trancher », a-t-il déclaré.
Lecornu a présenté un budget d’austérité
Lecornu a présenté dans la matinée un projet de budget destiné à initier une restructuration des finances du pays lourdement endetté. Le nouveau gouvernement a lancé le projet de budget lors de la première réunion du cabinet. L’objectif est de réduire le déficit budgétaire de 5,4 pour cent prévu pour l’année en cours à moins de 4,7 pour cent l’année prochaine, a déclaré le Premier ministre à l’Assemblée nationale.
Le déficit budgétaire de la France s’élevait à 5,8 % du produit intérieur brut en 2024, dépassant largement la limite de 3 % fixée par l’Union européenne dans le Pacte de stabilité. L’UE a ouvert une procédure de déficit excessif contre la France en juillet 2024.