A quelques rues du Vieux Lyon, avec son impressionnant quartier de la Renaissance, la Brasserie Georges semble avoir peu changé depuis sa fondation en 1836 par Georges Hoffer, un brasseur strasbourgeois. Liza Perrat visite un restaurant historique qui accueille depuis près de deux siècles la fine fleur du monde littéraire…
Je ressens presque les plumes de la plus grande plume littéraire française. Je ressens le travail laborieux mais convivial des vendanges représenté dans les fresques de Francisque Guillermin de 1924, qui décorent le plafond grandiose de 600 m2.
Que dire : Les fantômes des esprits littéraires qui racontent leurs histoires rivalisent avec l’esprit réel de la bière brassée sur place, et, à côté de ces écrivains, des amuseurs publics, des hommes politiques et des artistes ont également honoré les tables en noyer. Leurs souvenirs sont gravés dans les archives de l’histoire de France, car leurs noms sont gravés sur des plaques de cuivre sur les banquettes en moleskine rouge.
Jean Sarrazin, poète lyonnais du XIXe siècle surnommé « le poète de l’olive », proclamait ses poèmes en distribuant des olives à la Brasserie Georges.
Le tableau 102 est consacré à Paul Verlaine, également poète français du XIXe siècle. Ses innovations stylistiques ont donné une nouvelle musicalité à la poésie française et ont posé les bases du vers libre.
Dans un vieux registre, une dette est clairement indiquée : Alphonse de Lamartine doit 40 francs au restaurant Brasserie Georges. Le célèbre poète, qui aimait se rendre à Lyon et rêver au bord du Rhône, n’a jamais payé les deux demi-tonneaux de bière bu en 1857.
L’écrivain français Jules Verne a publié cinquante-quatre romans au cours de sa vie. Célèbre pour des ouvrages tels que « 20 000 lieues sous les mers », « Voyage au centre de la Terre » et « Le tour du monde en 80 jours », il fréquentait également « La Georges », comme l’appellent affectueusement les habitants du coin.
Mistinguett (1875-1956), la « reine du music-hall parisien » de l’époque du muet, mangeait à la table 30. Elle était l’artiste française la plus populaire de son époque et, un jour, l’artiste féminine la mieux payée au monde. « Un baiser peut être une virgule, un point d’interrogation ou un point d’exclamation. C’est l’orthographe de base que toute femme devrait connaître », proclamait Mistinguett.
Le tableau 22 est dédié au romancier et critique français Émile Zola. Son œuvre de 1877 sur l’alcoolisme, « L’Assommoir », a fait de lui l’écrivain le plus connu de France. Fondateur du mouvement naturaliste en littérature, Zola a redéfini le naturalisme comme « la nature vue à travers un tempérament ».
Le passage d’Anatole France est capté au tableau 119. Écrivain et critique, il fut l’une des figures majeures de la littérature française de la fin du 19ème et début des années 20ème siècle et lauréat du prix Nobel de littérature en 1921.
Le « défenseur et illustrateur de la cuisine française », Maurice Edmond Sailland, revendique la table 5. Connu sous le nom de « Curnonsky », cet écrivain et journaliste est réputé pour sa taille et son appétit (1m85, 120kg). En 1927, il est couronné prince de la gastronomie par référendum populaire. De tous les gourmets du monde, aucun n’a jamais atteint le statut exalté de Curnonsky et il est connu comme le représentant des passions les plus agréables de la gastronomie. la belle époque. Un jour, alors qu’on lui avait proposé un énorme revenu à vie simplement pour avoir affirmé que la margarine était l’équivalent du beurre, il a refusé avec indignation. « Rien ne remplacera jamais le beurre », a-t-il déclaré.
Antoine de Saint Exupéry, écrivain et aviateur lyonnais, honore la table 35. Né à Lyon le 29ème En juin 1900, il s’engage dans l’aviation française à Strasbourg en 1921 comme mécanicien. A 26 ans, il devient pilote sur le service postal de Toulouse à Dakar. En 1938, il s’installe aux Etats-Unis, où il écrit son roman le plus connu, Le Petit Prince, en 1940. Selon certaines sources, il s’agit du troisième livre le plus lu au monde au cours du siècle dernier, après la Sainte Bible et le Coran. Il revient en France après le début de la Seconde Guerre mondiale et s’engage dans l’armée. Le 31St En juillet 1944, son avion est abattu lors d’une de ses missions au-dessus de la mer Méditerranée. L’aéroport international de Lyon est baptisé Saint-Exupéry en son honneur.
Ernest Hemingway, Jacques Brel, mais aussi Madame Chirac et le prince héritier du Japon ont également fait leur choix parmi la sélection de bons rapports qualité-prix du menu.
En choisissant sur quel siège célèbre garer votre derrière – Edith Piaf, Auguste Rodin ou Édouard Herriot – prenez un moment pour étudier le menu.
On y propose des choucroutes traditionnelles au porc, au canard et aux fruits de mer, ainsi que de magnifiques plateaux de fruits de mer, dont la fraîcheur est indéniable grâce aux arrivages quotidiens de Normandie et de Bretagne. « Essayez l’omelette norvégienne », m’avait-on conseillé. Je m’attendais à du saumon et des œufs, mais je me suis contenté de la tache de glace à la vanille, du Grand Marnier et de la meringue. Le serveur, impeccablement habillé et poliment efficace, n’a pas été impressionné par ma surprise. 170 000 repas par an, 40 tonnes de choucroute, 46 tonnes de viande et de volaille, 19 tonnes de poisson et 58 000 litres de bière, il a tout vu. Sans compter les deux records Guinness détenus par la Brasserie Georges.
Une choucroute de 1 500 tonnes servie en 1986 à 2 000 convives et une omelette norvégienne de 34 mètres de long et 1 368 œufs en 1996 sont enregistrées aux côtés des ancêtres de la littérature française contemporaine.
En quittant ce monument de la gastronomie lyonnaise, je jette un œil dans le magnifique miroir mural et me demande ce que ces murs pourraient bien raconter…
www.brasseriegeorges.com
INFORMATIONS SUR LA VILLE DE LYON: Située au carrefour de l’Europe du Nord et de la Méditerranée, à deux heures des stations de ski alpines et à trois heures de la mer, Lyon, capitale de la région Rhône-Alpes, est le deuxième contributeur à l’économie française. Sa situation exceptionnelle et ses nombreux atouts lui garantissent un rang parmi les plus importantes « Eurocités » du futur.
L’auteure Liza Perrat a grandi à Wollongong, en Australie. Elle vit aujourd’hui en France avec son mari français qu’elle a rencontré dans un bus à Bangkok.