Menton est l’une de mes villes préférées en France et j’y ai passé et y passe encore beaucoup de temps. La célèbre Fête du Citron est l’un des moments forts de mon année…
C’est ce que raconte Peter Jones, francophile, qui dirigeait dans les années 1980 une succursale de Building Society à Stratford on Avon, en Angleterre (le pays de Shakespeare) où beaucoup de ses clients étaient très aisés. Il nous raconte l’histoire d’un de ses clients qui avait une très belle voiture et qui devait partir en France :
Lady Monica. Même si nous avions 30 ans de séparation, nous avions une relation très coquette mais professionnelle. Elle passait une grande partie de l’année à Menton, là où la France rencontre l’Italie.
Un matin, ma secrétaire m’a appelé à mon bureau et m’a dit que Lady Monica voulait me parler au téléphone. C’était un peu bizarre, je savais qu’elle était à Menton.
« Monsieur Jones, bonjour, j’ai une proposition à vous faire. La voiture de mon mari est à Stratford et nous aimerions vraiment qu’elle soit à Menton pour l’été. Voulez-vous la conduire jusqu’à là-bas ? Vous pourriez rester quelques nuits avec nous et je paierais votre vol de retour depuis Nice ».
Je l’ai remerciée pour sa généreuse offre, mais je lui ai fait remarquer que ses engagements professionnels et familiaux rendraient la chose difficile, voire impossible.
« C’est une Aston Martin décapotable blanche », fut la réponse…
…Deux jours plus tard, je débarquais du ferry au Havre avec près de 1 300 kilomètres de France devant moi.
Après avoir traversé la Seine par le pont majestueux de Tarcanville, je me suis arrêté pour prendre mon petit-déjeuner à Pont Audemer. Là, j’ai pu apprécier la puissance de traction d’une Aston Martin tandis qu’une foule entourait la DB6 blanche immaculée. Ils ont tous applaudi lorsque j’ai démarré le moteur et démarré avec un grognement guttural.
Je suis et j’ai toujours été un peu fan de course automobile, alors plutôt que de me précipiter vers Menton par le chemin le plus rapide, j’ai prévu de passer par Le Mans et de faire visiter à la voiture son berceau historique. En quittant le centre-ville du Mans pour me diriger vers le sud, j’ai entendu le bruit inimitable d’une voiture de police française. Un rapide coup d’œil dans mes rétroviseurs m’a révélé qu’une voiture de police Renault 4 se profilait derrière moi – phares et gyrophares bleus clignotants, klaxon hurlant, le conducteur me faisant signe de m’arrêter. Je me suis creusé la tête pour réfléchir à ce que j’avais fait de mal. Les gendarmes dans la voiture étaient des fans de course automobile et voulaient savoir si je conduisais sur la tristement célèbre ligne droite des Hunaudières.
« Bien sur », ai-je répondu. Nous avions été rejoints par plusieurs autres voitures de police, dont les conducteurs étaient tous impatients d’admirer mon nouveau jouet.
J’ai été escorté hors de la ville par la police, bien que j’avais maintenant deux passagers, tous deux en uniforme de la gendarmerie française, l’un au début de la ligne droite des Mulsanne, qui fait normalement partie de la route D338 menant à Tours, deux voitures de police ont foncé devant pour s’assurer que la route était libre et j’ai été invité à mettre le pied à terre.
Je me suis arrêté à la fin pour les laisser sortir mais j’ai découvert que ma part du marché était de les emmener tous faire un tour et j’ai passé l’heure suivante à monter et descendre la ligne droite des Hunaudières avec une voiture pleine de policiers français à rouler à trois fois la limite de vitesse.
J’avais prévu de passer la nuit à Clermont Ferrand, siège de la société de pneumatiques Michelin et autre Mecque du monde de la course automobile, et après un trajet de 355 miles, un bain chaud et un repas étaient exactement ce dont j’avais besoin, mais pas avant que la voiture de Lady Monica ne soit garée en toute sécurité pour la nuit.
Un départ matinal m’a conduit jusqu’en dessous de Lyon où j’ai rejoint l’autoroute A7, la « route du soleil », et j’ai commencé à parcourir de nombreux kilomètres. J’ai déjeuné près d’Avignon avant les 290 derniers kilomètres jusqu’à Menton. Maintenant fermement dans le sud de la France, la chaleur du soleil, les odeurs de Provence, le toit baissé sur une voiture puissante, j’étais au paradis, mais il me restait une dernière diversion… Monaco !
Je suis allé à Monaco à de nombreuses reprises et j’ai toujours été amusé de voir des messieurs d’un certain âge circuler dans la principauté au volant de certaines des meilleures voitures du monde et lorgner les belles femmes. Je n’avais pas l’air déplacé. Une heure plus tard, je me suis arrêté à l’adresse que Lady Monica m’avait donnée et j’ai été surpris… à plusieurs égards, rappelez-vous que l’invitation initiale était « vous êtes le bienvenu chez nous »
La première découverte fut que l’Aston était bien le mari de Lady Monica. Mais il était mort depuis plusieurs années. « Nous », c’était Lady Monica, deux chats siamois et un chien Lhassa Apso appelé Cousteau. Il a été nommé d’après le célèbre plongeur français Jacques Cousteau, car chaque matin il plongeait dans la Méditerranée et courait le long du fond à la poursuite des crabes qui surgissaient à la recherche d’air toutes les quelques minutes.
Mais la plus grande surprise fut la maison de Lady Monica. Pour une raison quelconque, je m’attendais à une grande maison provençale et non à l’appartement d’une seule pièce dans lequel elle vivait.
Trois jours plus tard, elle m’a déposé à l’aéroport de Nice, même si je m’inquiète pour le pauvre Cousteau qui rampe au fond du port de Menton…