Dans la douce lumière dorée de la Provence, où les fontaines gargouillant sous les platanes majestueux et où le parfum de la lavande se mêle à la saveur des tomates mûres dans les marchés de rue animés, Aix-en-Provence vous attire. Ce joyau élégant du sud, autrefois capitale de la Provence, offre non seulement un charme élégant mais un riche héritage culturel façonné par son fils le plus célèbre, raconte Janine Marsh se promène sur les traces de Cézanne à Aix-en-Provence.
Peignez vos propres souvenirs d’Aix
La ville colorée et animée se réveille tôt et dès 8 heures du matin, les marchés battent leur plein. Le marché de la place Richelme regorge de couleurs et de vie : pyramides de tomates, pots de tapenade et pains croustillants encore chauds du four. Les habitants discutent dans un français aux accents provençaux, remplissant des paniers de produits frais, d’olives et de fromage de chèvre. Le parfum des poulets rôtis se mêle aux fleurs parfumées du marché aux fleurs voisin. Le soir, cette place pittoresque est l’endroit idéal pour prendre un apéritif et un lieu de rassemblement populaire pour les locaux.

Le Cours Mirabeau, le boulevard central verdoyant d’Aix, est idéal pour s’attarder. Les fontaines couvertes de mousse coulent doucement et les châtaigniers offrent une ombre fraîche. Les murs ocres chauffés par le soleil des magnifiques demeures baroques sont ornés de façades sculptées et les tables débordent sur le trottoir pour que les convives puissent s’asseoir et regarder le monde passer.
Promenez-vous sur le cours Mirabeau et vous traverserez directement l’enfance de Cézanne. Ses parents y tenaient autrefois une boutique de chapeaux (l’enseigne fanée est encore visible sur le mur), et à quelques portes se trouve le légendaire café Les Deux Garçons, où Cézanne et son ami l’écrivain Emile Zola passaient leurs soirées. Il est actuellement fermé en raison d’un incendie, mais des rumeurs courent qu’il rouvrirait en 2026.
C’est à l’école voisine de Mignet que le jeune Cézanne tient tête aux tyrans pour défendre Zola, qui le récompense avec une pomme. Certains disent que c’est ce qui a inspiré l’humble fruit à devenir l’une des obsessions de Cézanne, apparaissant encore et encore dans ses natures mortes. L’église où Cézanne fut baptisé un mois après sa naissance en 1839, la mairie où il épousa Hortense, modèle de l’artiste française, et le modeste appartement de la rue Boulegon (marqué par une plaque) où il mourut le 22 octobre 1906. Des souvenirs à chaque coin de rue ; la ville ressemble à un musée vivant et respirant de sa vie.

Son atelier sur la colline des Lauves se trouve à quelques pas du centre-ville. Dans l’atelier de deux pièces, entouré de pins aromatiques, d’oliviers et de vignes, Cézanne travaille de 1902 jusqu’à sa mort. À l’étage, on a l’impression qu’il vient de sortir, son chevalet, sa blouse tachée de peinture et même certains des objets natures mortes originaux qu’il a peints sont baignés de la douce lumière provenant des hautes fenêtres. On sent la présence de Cézanne. C’est un aperçu obsédant et intime du monde de l’artiste. Être à l’intérieur de son atelier et voir ses biens, les endroits de son jardin où il a choisi de peindre différentes facettes du paysage provençal, en choisissant différentes nuances à différentes périodes de l’année. C’est comme faire partie de sa vie dans cette région magnifique et isolée. Une restauration de la cuisine du rez-de-chaussée, telle qu’elle était au temps de Cézanne, est en cours et devrait rouvrir progressivement à partir de l’été 2025.

Dix minutes plus loin, vous trouverez le Jardin des Ateliers, avec l’une des vues les plus emblématiques de toute la France, la Montagne Sainte-Victoire. Cette montagne déchiquetée et maussade était la muse et l’obsession de Cézanne. La scène change d’heure en heure, rose à l’aube, scintillante dans la chaleur de midi d’une journée d’été, dorée au crépuscule. De là, vous pourrez apprécier et comprendre pourquoi Cézanne avait une telle obsession pour la montagne.

Ensuite, il y a les carrières Bibémus, un terrain de jeu d’enfance devenu source d’inspiration pour toute une vie. On peut encore voir la petite cabane en pierre où Cézanne entreposait ses peintures et ses toiles. Les falaises et les arches ocres sont gelées en plein effondrement, comme des sculptures anciennes retenant leur souffle. Faites une visite guidée juste avant le coucher du soleil pour admirer les couleurs éclatantes, c’est absolument transportant.

L’inspiration de Cézanne était la palette du monde qu’il voyait devant lui – tons de terre et ocre rouge, vert olive, orange vif, carmin et Sienne brûlée, bleu cobalt et prune mûre. Ce qui le fascinait n’était pas seulement la beauté de la Provence, mais aussi sa structure. Il considérait les bâtiments comme des blocs de couleur, les arbres comme des traits verticaux et les paysages comme des puzzles de lumière et de forme. Son style a jeté les bases du cubisme et lui a valu l’admiration de Picasso, qui l’a surnommé « le père de nous tous ».
Mais de son vivant, peu de gens reconnurent son génie. En fait, il vendait rarement un tableau et signait rarement son œuvre, la considérant comme inachevée. Vers la fin de sa vie, la reconnaissance est venue de ses collègues artistes, Monet a été le premier à acheter un Cézanne – pour 50 francs (environ 8 euros). Mais lorsque le musée Granet de la ville s’est vu offrir des peintures après sa mort, le directeur Henri Pontier a refusé, déclarant que les œuvres de Cézanne n’entreraient dans le musée que sur son cadavre, une politique qui a été suivie pendant des décennies. Il y a maintenant quelques-unes des œuvres de grands peintres dans le musée.

Le manoir du XVIIIe siècle, Jas de Bouffan, acheté par le père de Cézanne en 1859, mérite une visite. Il avait alors fait fortune dans le secteur bancaire, après avoir abandonné le commerce de la chapellerie. Ici, Cézanne a peint certaines de ses premières œuvres – sur les murs du Grand Salon. Ces peintures murales ont ensuite été découpées et vendues (pour une somme dérisoire), et les murs ont été recouverts de papier peint.
Aujourd’hui propriété de la ville et restaurée avec amour, la maison a rouvert ses portes en juin 2025. Vous pourrez voir des projections de ses peintures originales sur les murs du grand salon et vous promener dans les jardins qui voyaient autrefois Cézanne penché sur son carnet de croquis. C’est ici que Cézanne a peint sa série de joueurs de cartes, dont l’un s’est vendu pour la somme faramineuse de 250 millions de dollars en 2011, bien loin des 50 francs de Monet. Réservez à l’avance pour des visites guidées de l’intérieur de l’élégante demeure aux volets bleu-gris typiquement provençaux. Et prévoyez le temps de visiter les jardins qui, bien que plus petits qu’à l’époque de Cézanne, regorgent de souvenirs de ses peintures, du bassin carré aux statues.
Et si toute cette appréciation de l’art vous laisse un petit creux, je vous recommande la glorieuse Villa Gallici à quelques pas. Les plats du chef Christophe Gavot sont aussi inspirés que délicieux. Pensez aux saveurs riches et hâlées que Cézanne adorait et au genre de plat qui mérite une salve d’applaudissements.
Aix a une qualité intemporelle, parfaite pour une bonne dose de culture riche, de joie de vivre et de gastronomie exceptionnelle – une ville qui satisfait votre âme.
Pour en savoir plus : aixenprovencetourism.com