Le journaliste britannique Tony Cooper nous fait découvrir le musée Picasso d’Antibes, sur la Côte d’Azur. C’est un endroit qui était très apprécié par l’artiste emblématique et controversé du XXe siècle…
Je suis un visiteur régulier de la France et je pars pour une nouvelle grande aventure dans ce que je considère comme mon pays d’adoption en me rendant à Antibes, sur la Côte d’Azur. Surnommée la Côte d’Azur par le poète dijonnais Stéphen Liégeard en 1888, elle a attiré des artistes aussi importants des XIXe et XXe siècles que Paul Cézanne, Marc Chagall, Jean Cocteau, Henri Matisse, Amedeo Modigliani et Auguste Renoir ainsi que l’artiste emblématique et controversé Pablo Picasso.
En fait, l’une des raisons pour lesquelles je suis ici est de suivre les traces de Picasso en visitant le musée qui porte son nom dans le vieil Antibes. Il est caché derrière le joli marché couvert du XIXe siècle de la ville. Appelé à l’origine Château Grimaldi, le musée Picasso s’est avéré une expérience enrichissante. Mais, étonnamment, Picasso n’a utilisé le château comme atelier que pendant deux mois en 1946 alors qu’il vivait à Golfe Juan à proximité.
Le Musée Picasso d’Antibes
Comme son nom l’indique, le château, qui a connu pauvreté et richesse, a été pendant des siècles la propriété de la famille Grimaldi, la famille royale gouvernant la Principauté de Monaco. Le Prince Albert II est désormais le « Patron du Rocher », héritant du titre de son père le Prince Rainier III en 2005.
Heureusement, le château retrouve un second souffle lorsque la ville d’Antibes en prend possession en 1925. Trois ans plus tard, il est classé monument historique par l’État. Picasso est tellement passionné et amoureux du château qu’il le décore en créant une multitude d’œuvres, de croquis et de peintures en 1946, dont « Les Clés d’Antibes » qui recouvre tout un mur.
La peinture et les matériaux inhabituels qu’il utilise (peinture émail ripolin, fibrociment et contreplaqué) reflètent l’austérité de l’après-Seconde Guerre mondiale. Mais ils mettent surtout en valeur l’étonnante ingéniosité de l’artiste ainsi que son étonnante envie d’expérimenter de nouveaux matériaux.
Ses peintures, cependant, reflètent la joie qu’il ressentait à vivre dans un pays à nouveau libéré des conflits et de l’oppression. Il a légué à la ville d’Antibes ce qu’il avait créé au château. La collection comprend 23 peintures et 44 dessins. Parmi les dessins, les plus représentatifs sont ‘Suite d’Antipolis’, ‘Têtes de faunes’ et ‘Etudes pour la figure féminine’.
Une superbe collection d’œuvres de Picasso
Un an après son départ du château, la salle Picasso est inaugurée. La première exposition organisée dans la salle Ouest est le premier événement célébrant le séjour de l’artiste à Antibes. Dans l’atelier Madoura de Picasso à Vallauris – une petite ville médiévale proche d’Antibes surplombant la baie de Cannes où Picasso a vécu pendant sept ans de 1948 à 1955 – l’artiste a travaillé la céramique et a réalisé 77 pièces qui sont également visibles dans le musée.
La relation particulière entre Picasso et les citoyens d’Antibes était telle qu’il fut fièrement décoré du titre de Citoyen d’Honneur d’Antibes lors d’une cérémonie au Château Grimaldi en 1957. Il reçut encore plus d’éloges lorsque le château fut rebaptisé en son honneur Musée Picasso en 1966. Il s’agissait de la première galerie au monde entièrement dédiée à l’artiste.
En 1990, la seconde épouse de Picasso, Jacqueline Roque (qui avait accompagné l’artiste pendant deux décennies), a largement enrichi la collection. Elle a apporté quatre peintures, dix dessins, deux céramiques et six gravures. De 1952 à 2001, de nombreuses donations et acquisitions ont permis d’apporter au musée trois œuvres sur papier, 60 gravures et six tapis de Picasso.
Autres œuvres d’artistes au Musée Picasso d’Antibes
Aujourd’hui, le musée abrite environ 245 œuvres de l’artiste. Mais toutes les œuvres exposées ne sont pas de Picasso. Une toile qui a immédiatement attiré mon attention est une grande œuvre inachevée de Nicolas de Staël intitulée « Le Grand Concert ». De nationalité française d’origine russe, il était un peintre bien connu pour son utilisation d’empâtements épais. Ses paysages très abstraits regorgent de couleurs provençales vives et éclatantes.
L’inspiration de cette œuvre lui est venue d’un concert symphonique auquel il avait assisté à La Salle Pleyel, la légendaire salle de concert située près de l’Arc de Triomphe à Paris. Inspiré par la musique, il annula le reste de son séjour dans la capitale française et retourna à son atelier surplombant les remparts de la vieille ville d’Antibes. Désespéré de capturer les images pendant qu’elles étaient encore fraîches dans son esprit, il travailla fiévreusement sur la vaste toile jusqu’à ce que la lumière déclinante rende tout travail supplémentaire impossible.
Malheureusement, ce sera sa dernière toile. A la tombée de la nuit, il tourne le dos à cette œuvre. Il écrit trois lettres et brûle des esquisses pour tous ses projets futurs. Puis il se dirige vers la fenêtre de son atelier et se jette dans la rue de Revely. Il est alors au sommet de sa gloire après de grandes expositions à Londres, Paris et New York.
Un autre artiste de renom a également élu domicile à Antibes : le peintre abstrait allemand Hans Hartung. Ses œuvres sont également exposées au musée Picasso et on peut également visiter son ancienne demeure à Antibes. Il a conçu et supervisé personnellement la construction de sa villa d’un blanc éclatant et y a vécu avec sa femme, Anna-Eva Bergman, également artiste, jusqu’à sa mort en 1989. Le couple a laissé derrière lui 16 000 peintures, photographies et gravures, mais vous ne pourrez voir qu’une fraction de la collection lors d’une seule visite. Cependant, leurs œuvres sont présentées en rotation dans une série d’expositions au cours d’une année.
Mais ce n’est pas tout. Sur la terrasse, on peut admirer une exposition permanente d’une collection enviable de sculptures de la sculptrice française controversée Germaine Richier. On peut également y voir d’autres œuvres de Bernard Pagès, d’Anne et Patrick Poirier et du célèbre artiste/sculpteur espagnol d’origine catalane, Joan Miró.
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