Une balade à travers Èze, un village médiéval millénaire accroché au flanc d’une ancienne montagne rocheuse en Provence au-dessus de la mer Méditerranée. Un village qui enchante tous ceux qui s’y rendent…
Eze France
Lors de récentes vacances en famille à Cannes, ma belle-mère Del a insisté pour que nous visitions Èze. Elle est devenue obsédée par cette idée. Une de ses amies lui avait parlé de ce lieu magique perché sur un promontoire rocheux et visité souvent par les grands et les glamours. Dans son esprit, elle était déjà là, avec un chapeau à larges bords, sirotant une bière fraîche rose avec Nietzsche (qui, en vacances là-bas, trouvait que c’était le parfait tonique pour son angoisse) et le propulsant vers de tout nouveaux horizons de pensée. Nous lui avons assuré que cela arriverait. Cela devait arriver. Cependant, au milieu de la gestion de jeunes enfants, des mauvaises conditions météorologiques et du genre de gueule de bois cataclysmique que seules des vacances en famille peuvent provoquer, cela commençait à paraître de plus en plus improbable. Èze se retirait devant nous comme un pot d’or scintillant mais apparemment inaccessible. Au sixième jour, notre conscience collective sonnait avec toute la flagrance d’un réveil. Et donc, avec un enthousiasme à la Blyton, la décision fut prise. Nous emmènerions notre matriarche à la montagne.
Le soleil s’est levé avec force ce samedi matin. Sans se laisser décourager par les nuages gris, nous nous sommes mis en route. Le trajet en lui-même était une belle chose. Cannes est sans aucun doute la vedette, perchée de manière provocante sur le capot métaphorique de la Côte d’Azur. Mais si l’on regarde de plus près, son passé de village de soutien a secrètement plus de charme et d’attrait. Les villages bien préservés sont ce que la France réussit si bien à faire. Nous avons croisé des dizaines de ces communes pierreuses. Elles étaient toutes de construction oblique et décorées de volets peints, de feuillages abondants et de devantures de magasins d’autrefois. Lorsque nous sommes arrivés à Èze (et nous y sommes finalement arrivés), ce n’était pas une exception.
Partir tôt était une sage décision, avec le recul. La place de parking que nous avions réservée à la fin de notre visite était disputée par au moins cinq conducteurs agressifs. Il y avait aussi la possibilité de monter par le sentier Nietzsche, un chemin précaire qui relie le village d’Èze à Èze-sur-Mer et qu’il aurait parcouru tous les jours. Mais Nietzsche était fou. Et il n’avait probablement pas de roues.
Èze est bondée. Je comprends pourquoi Nietzsche a préféré l’attrait plus faible du soleil d’hiver. Nous nous frayons un chemin à travers la foule de touristes et nous partons à la découverte. Naviguer à Èze demande un sérieux effort musculaire. La ville s’élève en spirale jusqu’aux nuages, comme une tige de haricot tordue mais sans la menace des géants. Bien que, à en juger par le prix moyen des choses, je peux supposer qu’il s’agit d’oies pondeuses d’or. sont Le village est beau. On se croirait dans un décor de film de Tim Burton, pêle-mêle et plein de passages secrets. Les boutiques regorgent de curiosités et leurs marchandises se répandent dans les rues et sont suspendues aux treuils parmi des paniers de fleurs en fleurs. Les maisons sont magnifiquement décolorées, juste assez pour être charmantes mais sans paraître délabrées. Del et moi avons continué à flâner, à la recherche d’un endroit où récompenser nos efforts avec du vin tout en ayant l’air convenablement glamour. Ou quelque chose comme ça.
Nous nous sommes retrouvés devant les portes dorées du Château de La Chèvre d’Or. Une flotte de voitures de sport flamboyantes nous a indiqué que cet endroit était fait pour satisfaire nos notions de grandeur. Nous avons aperçu un jardin impeccablement entretenu mais vertigineux qui semblait habité par une ménagerie de bêtes de bronze. Girafes, lions, cerfs – ils ont été sculptés avec une telle espièglerie observatrice que je ne peux qu’imaginer qu’à la tombée de la nuit ils ont pris vie. Je ne le saurai jamais. En franchissant le seuil, nous avons été plaqués au rugby par deux hommes patauds et nous avons dit, assez brusquement, que «vous n’avez pas le droit être ici. Je peux me tromper, mais je ne suis pas sûr que Walt Disney ou Marlene Dietrich aient reçu le même accueil complaisant. Nous nous sommes éloignés, déterminés à trouver un endroit qui pourrait divertir une telle racaille.
Il s’avère que le Château Eza est un endroit où l’on peut trouver de la racaille. Le Château Eza s’accroche à la roche comme un nid d’aigle et était autrefois la résidence de conte de fées d’un prince suédois. C’est désormais un hôtel de luxe célèbre pour son restaurant étoilé au guide Michelin et son menu petit-déjeuner à 280 euros. Je suppose qu’à ce prix, en plus de vos cornflakes, ils promènent votre chien, déposent les enfants à l’école et vous couvrent au travail. Ou du moins, il y a du champagne millésimé. Nous avons contourné cette option et nous nous sommes contentés d’un verre de rosé sur la terrasse.
Et c’est là que nous avons découvert la vraie magie d’Èze : la vue. Elle est à la fois tangible et tellement vaste. À présent, le gris s’était adouci et avait reculé jusqu’à un effet vignette et la visibilité n’était pas mauvaise. Le monde s’étendait devant nous comme une terre encore incontestée. Une haute altitude semble vous élever non seulement physiquement mais aussi au-dessus de tous les malheurs sans importance. La vue de la mer Méditerranée, si incommensurable et pleine de possibilités, vous permet de respirer. Et là, nous avons passé une heure agréable dans les nuages, à nous poser le genre de questions existentielles qu’une telle vue peut inspirer. Je ne suis pas sûr que nous ayons eu les réponses. Mais nous avons bu du rosé. Peut-être que Nietzsche n’était pas si fou après tout.
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Kirsten Mackintosh est originaire d’Écosse. Elle vit à Collioure avec son mari, vigneron, et ses deux enfants. Elle a un atelier d’art et s’intéresse beaucoup à la cuisine, notamment à la pâtisserie. Site Web de Kirsten : www.ateliermackintosh.com