La randonnée en France offre de nombreuses occasions de découvrir de près des villages pittoresques, des paysages époustouflants et des bâtiments fabuleux. L’auteur Glen Craney est parti en randonnée en Occitanie lors d’une randonnée guidée « Cathares, châteaux et cassoulet » en petits groupes, sur les traces des hérétiques et des saints à travers les paysages les plus étonnants de l’histoire cathare…
Arrivée à Montségur
Une forte pluie le soir de notre arrivée avait transformé le chemin en lacets qui montait le mont en un dangereux ruisseau de boue. Mes compagnons de randonnée décidèrent de reporter leur ascension au lendemain matin, mais je continuai seul à gravir la face ouest. Une demi-heure plus tard, je me tenais à trois mille pieds au-dessus de la vallée et m’appuyais contre l’ancien mur de Montségur pour reprendre mon souffle. Le soleil perçait les nuages noirs pour m’accueillir chaleureusement. Peut-être, pensais-je, que les légendes sur les événements mystiques qui se produisaient ici n’étaient pas si farfelues.
Des milliers de personnes viennent chaque année à Montségur pour rendre hommage aux 220 Cathares, dont une grand-mère, sa fille et sa petite-fille, qui furent brûlés ici en 1244 après un siège brutal de neuf mois. Des terrasses creusées sur sa pente révèlent les endroits où les réfugiés mal nourris se blottissaient dans des huttes en priant pour une bonne mort. Les soldats occitans qui se rendaient furent autorisés à éviter l’exécution en offrant leur allégeance à Rome, mais plusieurs choisirent de mourir dans les flammes avec ceux dont ils avaient appris à admirer le courage. La légende raconte que la nuit précédant les incendies, quatre défenseurs se sont échappés du mont avec un mystérieux trésor.
Lors de notre dernière matinée en Occitanie, nous sommes entrés dans la cité médiévale reconstruite de Carcassonne, autrefois surnommée le Paris du Midi. J’ai flâné dans l’ancienne basilique de Sainte-Nazaire et j’ai été accueilli par un panneau annonçant que l’église abritait le « culte catholique romain » depuis 1096. S’agissait-il d’une traduction anglaise maladroite, me suis-je demandé, ou bien un guide occitan inflexible avait-il insisté pour avoir le dernier mot ?
Sur un mur de la nef, j’ai retrouvé la fameuse dalle qui avait fait partie du tombeau de Simon de Montfort, avant que ses restes ne soient transportés vers le nord, dans des lieux plus hospitaliers. Aucune épitaphe ne marque l’endroit, alors j’ai murmuré la mienne, une phrase de Shakespeare qui résumait le mieux mes sentiments à l’égard de cette terre magique marquée par la tragédie : « C’est un hérétique qui fait le feu, et non celle qui y brûle. »
Glen Craney est un auteur primé de plusieurs livres, dont The Fire and the Light: A Novel of the Albigesian Crusade, disponible sur Amazon.
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