Nourrir l’âme dans la lumière toujours changeante de Conques, un attrait pour le pèlerin d’aujourd’hui et un lieu de beauté contemplative, dit Lucy Pitts alors qu’elle visite la ville médiévale de l’Aveyron…
Il y a toujours quelque chose de merveilleusement évocateur dans les villes et villages médiévaux qui jalonnent les chemins de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle et Conques, dans la région de l’Aveyron en Midi-Pyrénées, ne fait certainement pas exception. Il y a quelque chose de profondément émouvant dans ce « plus beau village de France » et c’est sans aucun doute un village qui nourrit l’âme du voyageur fatigué.
C’est avec un certain sens de l’ironie que je suis arrivé là-bas après un vol Ryanair étonnamment fluide et ponctuel depuis un aéroport de Stansted animé, un voyage, contrairement à celui du pèlerin, de quelques heures seulement et d’un confort sinueux à travers des vignobles escarpés en terrasses et le long de la vallée profonde et boisée de la rivière Dourdou.
Pour le pèlerin fatigué, les forêts touffues de châtaigniers, de pins et de chênes et les rochers couverts de bruyère de ce paysage élémentaire devaient ressembler à une étendue sauvage sans fin et, malgré le fait que nous étions à la mi-septembre, l’été n’avait pas encore diminué son emprise sur ce coin fertile de France. Peu à peu, l’odeur fraîche et terreuse de la vallée céda la place aux sommets des collines scintillant sous la chaleur du soleil de l’après-midi, de sorte que c’est avec un sentiment de soulagement palpable que les premières maisons à pans de bois accrochées aux flancs des collines rocheuses apparurent enfin.
C’est un village à l’atmosphère spirituelle inéluctable, avec son imposante leçon d’ingénierie et d’architecture romanes (l’abbaye de Sainte-Foy) et le souvenir très tangible des pieds fatigués, traînant les pieds dans les rues bien usées. C’est aussi un village avec un véritable sens de révérence silencieuse avec ses murs médiévaux, ses toits d’ardoise, ses portes oubliées, ses maisons usées par le temps.ème des fontaines du siècle, des rues étroites et pavées et des vues qui vous laissent stupéfait, silencieux et contemplatif.
L’abbaye de Sainte-Foy a mis 100 ans à être construite et se dresse fièrement au centre du village, imposant l’attention et le respect du fouillis de maisons et de collines qui l’entourent. Elle abrite d’impressionnants plafonds voûtés de 23 mètres de haut, quelque 250 sculptures romanes (ou chapiteaux) et 12ème Le tympan du Jugement dernier du 16e siècle. Vous pourrez murmurer et vous frayer un chemin à travers les hautes galeries au-dessus des stalles, suivre les histoires des sculptures ou plonger dans la sublime collection de reliques religieuses en argent et en or incrustées de pierres et de bijoux. L’une des cinq seules grandes collections d’orfèvrerie médiévale en Europe, la fierté de ce coffre aux trésors tactile et scintillant est la remarquable Majesté de Sainte-Foy et le sanctuaire de Pépin, ce dernier abritant prétendument un morceau de peau du Christ…
Mais c’est avant tout un lieu de lumière, de lignes et de réflexion. Les pierres de l’abbaye sont un mélange de grès, de chaux et d’ardoise dont la texture et les tons changeants reflètent ceux de la lumière qui dérive doucement à travers les fenêtres magnifiquement simples mais étrangement irrésistibles, conçues et créées par le célèbre artiste français Pierre Soulages. Les 104 fenêtres, avec des lignes différentes qui attirent votre regard sur l’élégance de l’architecture (parfois doucement courbées, parfois obliques, parfois horizontales) et avec un verre fracturé unique, donnent lieu à une lumière douce, diffuse et toujours changeante avec des teintes presque imperceptibles de vert, de bleu et de jaune. Comme mon guide l’a expliqué, voici un endroit où la lumière est comme une rivière, avec un flux, un reflux et un rythme qui lui sont propres, toujours changeants et toujours apaisants.
Si vous n’êtes pas fan de la contemplation tranquille dans l’abbaye, vous trouverez bien d’autres activités pour vous éloigner. Explorez les vignobles de la région de Marcillac ou aventurez-vous dans la campagne fascinante lors de l’une des nombreuses promenades locales, notamment le sentier original des pèlerins ou le Chemin de Saint Jacques (Grande Randonnée 65) qui vous mènera au sud-ouest jusqu’à la bastide de Villefranche-de-Rouergue ou au nord jusqu’au Puy-en-Velay. À défaut, reposez-vous simplement dans l’un des nombreux cafés et restaurants qui coulent des balcons des ruelles étroites sous l’œil vigilant de l’abbaye, parcourez les produits locaux dans les boutiques aux couleurs vives et imprégnez-vous du dynamisme subtil d’un lieu qui accueille tant de voyageurs.
Mais si vous n’avez pas encore pleinement saisi la grandeur du lieu, descendez jusqu’à la place devant l’abbaye juste avant la tombée de la nuit ou montez dans les galeries supérieures enivrantes de l’abbaye. Car chaque nuit entre mai et septembre, juste avant le crépuscule, vous pouvez entendre les sons de l’orgue dont la musique résonne contre la pierre ancienne et déferle dans la vallée en contrebas. Et tandis que les notes nourrissent votre âme pour vous préparer à votre voyage et que la lumière changeante du soleil du soir glisse doucement à travers les fenêtres de l’abbaye, vous comprenez vraiment pourquoi ce site isolé et sacré, perché sur les collines, est un lieu de pèlerinage si important depuis 866 et pourquoi il continue d’être un lieu où le pèlerin moderne cherche à la fois inspiration et revigoration.
Pour en savoir plus sur Conques et l’Aveyron, rendez-vous sur www.conques.fr et sur www.tourisme-aveyron.com.
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Lucy Pitts est une écrivaine indépendante