Au bout du Marais, du côté de la Bastille, sur la rive droite, se trouve une petite place du paradis parisien. La place des Vosges est la plus ancienne place de la ville. Elle est minuscule comparée au jardin du Luxembourg sur la rive gauche ou au jardin des Tuileries à côté du Louvre. C’est un parterre de jardin comparé à l’une de ces grandes beautés, mais la place des Vosges a des proportions qui plaisent.
La place a été construite en 1604 par Henri IV, qui aimait tellement le style de son hôtel particulier qu’il en fit construire trente-cinq autres pour entourer la place. Certains disent qu’il s’agissait d’un projet d’urbanisme du XVIIe siècle, mais le résultat est un triomphe. Sans surprise, on l’a appelée « Place Royale ». et il est devenu le prototype de tous les modèles ultérieurs des places résidentielles dans toutes les villes d’Europe. En 1800, l’empereur Napoléon changea le nom, car il le pouvait, et pour reconnaître le département des Vosges – ils payèrent effectivement leurs impôts, les premiers à le faire.
Lors de votre visite, n’hésitez pas à flâner au rez-de-chaussée, sous les arcades de pierre, aujourd’hui peuplées de restaurants, de galeries et de boutiques de créateurs. Très souvent, des musiciens interprètent des classiques dans des performances de rue des plus extraordinaires. Installez-vous sur un banc sous une rangée de tilleuls carrés qui ont connu Victor Hugo. Entre 1832 et 1848, lorsque le grand écrivain écrivait « Les Misérables » (le livre, pas la comédie musicale), il vivait au deuxième étage de l’hôtel particulier numéro 6 de la place des Vosges, alors connu sous le nom d’Hôtel de Rohan-Guéménée, aujourd’hui Maison de Victor Hugo. Un soir calme, avec une fenêtre ouverte, il a peut-être même entendu les cloches de Notre-Dame, la maison de son héros bossu.
Vous pouvez même créer votre propre vision, où des chevaux gris tachetés, la tête haute, s’arrêtent docilement dans la rue à côté d’une arche de l’arcade… dans mon rêve, la brique rouge et la pierre blanche se reflètent sur les flancs de la voiture émaillée noire et brillante. Une femme en taffetas de soie bleu bleuet froissé et les cheveux blonds relevés, est aidée à descendre par un homme portant des culottes et des chaussures à boucles. Sur la place, deux hommes sont dos à dos, sur le point de parcourir la distance convenue pour leur duel.
Il est si facile de se laisser transporter dans le passé à Paris. Tout est là. Les Parisiens viennent ici pour les mêmes raisons que les gens vont dans les parcs partout dans le monde : pour l’espace, la tranquillité et pour s’échapper un moment de leur vie citadine.