Le béret emblématique de la France est né de la terre et non de l’industrie. Il fait partie du patrimoine et du savoir-faire local….
Vous allez sans doute trouver cela très cliché, mais si vous vous représentez un Français typique, il est fort probable qu’il soit assis sur sa vieille bicyclette, une baguette sous le bras et un béret sur la tête. Mais ce n’est pas qu’un cliché, le béret est une icône culturelle forte du sud-ouest de la France et toutes les générations partagent cette fierté. Il réunit tant de qualités nécessaires à la vie à la campagne. Sur le plan pratique, il est imperméable. Il ne se froisse pas, est pliable, protège de la pluie, du froid et du soleil. Sur le plan esthétique, il témoigne d’une identité individuelle, selon la façon dont on le porte.
Peu de gens savent, peut-être à cause du stéréotype parisien dans les films, que le béret (du gascon « berret ») est en fait originaire du Béarn, dans les Pyrénées. Le béret est né de la terre, pas de l’industrie. Il fait partie du patrimoine et du savoir-faire local…
Comment faire un vrai béret français
Il faut deux jours entiers pour réaliser un béret traditionnel et authentique, parfois plus, chaque pièce étant une pièce unique avec ses propres ajustements et ses propres carreaux. Traditionnellement en pure laine vierge Mérinos, le processus de teinture nécessite un mélange de différents pigments. Il faut un soin extrême pour que la teinture « prenne » uniformément sur toute la laine. Chaque béret est vérifié à plusieurs reprises pour s’assurer que la couleur est parfaitement profonde et lumineuse, ce qui en fait un produit unique et noble.
Mais revenons à notre cliché du Français. Ce que vous ne pouvez pas voir, c’est que l’étiquette apposée sur la plupart des bérets était dangereusement proche de la mention « Fabriqué en Chine ». Le béret de fabrication française a bien failli disparaître complètement, sans cérémonie. Sans l’initiative d’un chef d’entreprise gascon qui a sauvé la célèbre entreprise de fabrication de bérets Laulhère, le grand béret français n’existerait plus.
Laulhère est le dernier fabricant historique de bérets en France. L’entreprise est basée à Oloron-Ste-Marie dans les Pyrénées. Elle a été créée en 1840 par la famille Laulhère. L’entreprise a dû lutter pour survivre en raison d’une crise du secteur textile et de la concurrence internationale, qui a malheureusement conduit à la décision de fermer définitivement ses portes en 2013. Et cela pourrait bien avoir sonné le glas du béret français tel que nous le connaissons et l’aimons.
Mais une opération de sauvetage a été menée par une société gasconne, le Groupe Cargo, et sa société sœur Blancq-Olibet. Grâce à eux, les bérets français classiques continuent d’exister.
Aimery Forzy, PDG du Groupe Cargo, déclare : « Nous avons décidé de sauver notre célèbre Béret Gascon. Il fait partie intégrante de notre histoire et de notre patrimoine. Il est difficile d’imaginer une vie sans béret avec une baguette ! »
Gascon dans l’âme, Forzy explique : « Nous allons essayer de conserver au mieux les trois lignes de production principales : le béret militaire, le béret traditionnel basque/gascon et le béret mode… et nous le modernisons ! Nous avons par exemple travaillé avec Agnès B (une marque parisienne branchée) et d’autres créateurs de mode français de renom. Certains nouveaux modèles seront un peu plus modernes, mais mettront l’accent sur la touche traditionnelle et noble. Jusqu’ici tout va bien, mais il est très important que nous continuions tous à soutenir le béret Laulhere/Olibet, qui est l’un des principaux articles de prêt-à-porter gascon. »
Rosabelle Forzy, directrice générale de l’entreprise, déclare : « J’ai pensé que ce serait fou de laisser disparaître cette institution, elle représente une part si importante de notre patrimoine français.
« Le béret a une histoire extraordinaire. Au-delà de ses qualités intrinsèques évidentes, c’est un objet en mouvement permanent. Il a été sur la tête de nombreux esprits libres ! Il est tout à fait symbolique pour les artistes, les révolutionnaires, les jazzmen, les stars de cinéma, les Yéyés (mode des années 60), et il reste un symbole de liberté de pensée et un accessoire de mode constant. »
Vive le béret !