Le grand peintre impressionniste Pierre-Auguste Renoir a vécu dans le charmant petit village d’Essoyes, dans l’Aube, en Champagne-Ardennes, de 1896 à 1907. J’ai eu le privilège d’être l’un des premiers journalistes britanniques à entrer dans la maison du peintre depuis qu’elle a été vendue par la famille à la ville qu’il aimait autrefois. J’ai constaté que sa présence y est toujours présente…
La Maison Renoir, Essoyes
Dans cette jolie mais modeste maison, Pierre Auguste Renoir vivait avec sa femme Aline, originaire d’Essoyes, et ses trois fils, Claude, Jean et Pierre. Bien qu’aujourd’hui le peintre soit tenu en haute estime et que ses œuvres valent une petite fortune, il n’a pas gagné beaucoup d’argent de son vivant et n’a commencé à pouvoir réellement vendre ses œuvres à bon prix qu’à l’âge de 60 ans.
Le peintre aimait certainement Paris où il rencontra Aline, une couturière qui devint son modèle, et c’est elle qui le persuada de quitter la ville pour la campagne d’Essoyes. Contre son gré, il tomba amoureux de ce village rural où, disait-il, le pain et le beurre étaient de loin supérieurs à tout ce qu’on pouvait trouver à Paris. La vue de la brume sur les vignes devait être aussi émouvante pour Renoir qu’elle l’est pour nous aujourd’hui en regardant depuis sa porte d’entrée. Juste au coin de la rue se trouve le Chemin des Laveuses, une petite allée menant à un ruisseau où Renoir aimait peindre les jeunes et belles filles en train de laver du linge.
La campagne l’inspirait et le poussait à peindre presque quotidiennement. En effet, même à un âge avancé, alors qu’il pouvait à peine bouger sa main à cause de l’arthrite qui déformait ses doigts et qu’il était confiné dans un fauteuil roulant, il continuait à peindre, un pinceau placé entre ses doigts, des bandages serrés pour le maintenir. « Peindre est mieux que marcher », proclamait-il ; c’était sa vie.
La maison où il avait vécu est restée dans la famille jusqu’à sa vente par la petite-fille de Renoir à la ville d’Essoyes. J’ai eu la chance de faire partie du petit groupe autorisé à y entrer et à la voir avant les travaux. Elle a été ouverte au public en 2017.
Le fantôme de Renoir
Tandis que je regardais par la fenêtre poussiéreuse de la chambre de Renoir, par-dessus la peinture décolorée et écaillée du rebord de la fenêtre, il était facile de l’imaginer faire la même chose un siècle plus tôt. Pluvrait-il aujourd’hui ou le soleil brillerait-il à travers cette fenêtre d’atelier au fond du jardin, éclairant les visages de ses modèles et rendant la pièce chaleureuse et confortable. Son vieux cadre de lit était caché dans un coin, la lumière entrait à flots. Le plancher craque et le papier peint se décolle mais cela n’a pas d’importance. La vue n’a guère changé, le village est reconnaissable, on sent sa présence.
Il peignait à l’étage de cette maison jusqu’à ce qu’il puisse se permettre de faire construire un atelier au fond du jardin, aujourd’hui ouvert au public. C’est un bijou à l’intérieur, un sol éclaboussé de peinture et la valise dans laquelle il transportait ses tableaux à Paris dans un coin. Un enregistrement de rires et de conversations donne une impression des sons que Renoir entendait pendant qu’il créait ses chefs-d’œuvre, fermez les yeux et vous pouvez presque le voir, fronçant les sourcils devant la toile et disant aux filles de rester tranquilles.
Je ne peux m’empêcher de penser que s’il revenait, Renoir reconnaîtrait certainement encore cette vieille maison, en particulier la cuisine avec ses carreaux décolorés et ses placards sombres. Peut-être la reconnaît-il après tout, car il a été enterré dans le cimetière local, à proximité de la maison qu’il aimait. Il a insisté pour que la dalle au-dessus de sa tombe soit plus fine que celle de sa bien-aimée Aline, enterrée derrière lui. Elle doit être moins profonde, a-t-il annoncé, car il avait bien l’intention de sortir et d’aller se promener.
La maison est presque vide. Il y a quelques chaises et une table, un ou deux vieux cadres de lit, une armoire et un vieux vélo. Pourtant, si vous tendez l’oreille et fermez les yeux, vous pouvez presque l’entendre glousser pendant qu’il se promène dans la vieille maison et le village d’Essoyes…
Sur les traces de Renoir
Détails : www.renoir-essoyes.com
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