L’étrange histoire de la Joconde et du monastère

La sortie en 2014 du film hollywoodien « Les Monuments Men » me fait penser à l’art, à la Seconde Guerre mondiale et au 12ème Les moines cisterciens du 19e siècle. Vous ne voyez pas le lien ? Monuments Men raconte l’histoire d’un peloton improbable de la Seconde Guerre mondiale chargé de sauver des chefs-d’œuvre d’art des voleurs nazis et de les rendre à leurs propriétaires. Maintenant… laissez-moi vous raconter l’histoire de la Joconde qui a fait un voyage secret à travers la France en camion…

L'étrange histoire de la JocondeTout commence il y a près de 900 ans lorsqu’un groupe de moines cisterciens fonde une abbaye dans un lieu qu’ils nomment « Loc Dieu ». Situé à l’intersection des départements actuels du Lot, de l’Aveyron et du Tarn-et-Garonne, le lieu réunit tous les atouts que les moines recherchent. Il est isolé mais à proximité de la bastide de Villefranche-de-Rourgue, il est suffisamment proche pour s’approvisionner, disposer de terres agricoles et d’une source d’eau, fournie ici par de nombreuses sources qui parsèment leur vallée et ses coteaux. Ils construisent une église typiquement cistercienne, simple et élégante, presque austère, un cloître et un grand dortoir avec des salles de travail. Au fil des siècles, la fortune de l’abbaye fluctue au gré des événements politiques. Si l’église elle-même n’a jamais été endommagée, le dortoir et les salles de travail ont failli être détruits à plusieurs reprises pendant la guerre de Cent Ans, les guerres de religion et la Révolution française. Ils ont été reconstruits et restaurés tant de fois qu’ils ressemblent désormais davantage à un 19ème L’abbaye est devenue un manoir du 15ème siècle plus grand que les bâtiments médiévaux qu’elle était à l’origine. En 1793, l’abbaye fut confisquée par le gouvernement et vendue comme bien national. En 1840, la famille Cibiel l’acquiert. Les descendants de la famille sont toujours propriétaires de l’abbaye et de son domaine.

Avançons jusqu’à la fin des années 1930. Toute l’Europe était inquiète de ce qui se passait en Allemagne. Les responsables du Louvre à Paris préparaient des plans d’urgence pour évacuer les œuvres d’art inestimables du musée en cas de guerre. Et lorsque la « drôle de guerre » d’Hitler prit fin en 1940 avec l’invasion de la Belgique et de l’est de la France, leurs efforts pour emballer, transporter et cacher des milliers d’œuvres d’art devinrent frénétiques. Des milliers de personnes fuyaient Paris ; les routes étaient bondées et tout manquait. Les responsables et les bénévoles emballaient 3 500 œuvres d’art. Ils réquisitionnèrent tous les gros camions qu’ils pouvaient trouver pour transporter des peintures gigantesques comme « Les Noces de Cana » de Véronèse qui mesure 10 x 7 mètres. Un gros camion transportait juste l’essence nécessaire pour alimenter les autres camions du convoi. Entre le 5 et le 17 juin 1940, plus de 3 000 de ces œuvres d’art arrivèrent à l’abbaye de Loc Dieu au cœur de la France. la France profonde... L’endroit idéal pour cacher le trésor. Parmi ces œuvres inestimables se trouvait la Joconde de Léonard de Vinci, qui a fait le long voyage jusqu’au sud-ouest de la France dans sa propre voiture. Plus de 250 personnes sont arrivées avec les œuvres, amenées avec elles pour les déballer et en prendre soin pendant qu’elles étaient cachées. Certaines de ces personnes ont été hébergées au monastère, tandis que d’autres ont trouvé refuge dans les petits villages de Memer et Vailhouries à proximité. La grande église abbatiale était remplie d’œuvres d’art plutôt que de paroissiens.

L'étrange histoire de la Joconde

Hélas, les œuvres d’art ne restèrent que quelques mois. Les multiples sources qui alimentaient le monastère en eau rendaient l’église et les autres bâtiments trop humides pour les précieuses peintures. Même si c’était la cachette parfaite, personne ne voulait risquer d’endommager les œuvres d’art. Elles furent réemballées et déplacées. La Joconde trouva une nouvelle cachette dans la ville voisine de Montauban où elle passa toute la durée de la guerre. Elle n’est cependant pas oubliée à Loc Dieu. Une pièce de la maison est consacrée à son séjour. Elle est sans doute la visiteuse la plus célèbre de l’abbaye, après tout.

L’abbaye est ouverte aux visites guidées du 1er juillet à la première quinzaine de septembre. Son parc de 100 hectares est ouvert toute l’année. L’entrée est payante. Plus d’informations sur le site de l’abbaye : www.abbayedelocdieu.com

Par Evelyn Jackson

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