Azincourt | Les légendes et un musée historique

Il n’y a pas de véritables gagnants lorsque deux nations se disputent, mais nous vivons aujourd’hui à une époque où les guerres peuvent durer des années et entraîner d’innombrables victimes civiles. C’est donc une expérience surréaliste que de visiter le musée d’Agincourt à côté d’un champ où un conflit international – légendaire depuis des centaines d’années – s’est terminé avant l’heure du thé.

La bataille d’Azincourt débute sous une pluie battante en fin de matinée le 25 octobre 1415, jour de la Saint-Crispin. Et en milieu d’après-midi, la crème de la noblesse française avait été engloutie dans la boue par la puissance de feu des archers anglais.

L’armée anglaise

L’armée anglaise, estimée à 8 500 hommes, marchait vers Calais pour rentrer chez elle en bateau après une campagne en Normandie. Elle était dirigée par le roi Henri V et faisait face à une armée française d’environ 12 000 hommes. L’armée d’Henri, composée de soldats anglais et en grande partie d’archers gallois, était déjà épuisée et souffrait de dysenterie. Certains d’entre eux enlevèrent leurs pantalons et combattirent à moitié nus. Beaucoup d’entre eux embrassèrent la terre de ce coin du Pas de Calais, dans le nord de la France. Ils pensaient qu’ils y seraient enterrés plus tard dans la journée. Henri V entendit la messe, non pas une fois, mais trois fois.

L’armée française

Les Français étaient menés par le connétable de France Charles d’Albret et le maréchal Jean II le Meingre (Boucicaut). La bataille « dura à peine quelques heures », raconte Ludovic Hiltenbrand, directeur du Centre Azincourt 1415. Mais ce fut une victoire décisive pour les Anglais et elle entra dans la légende. Les Français, lourdement armés et embourbés dans la boue, furent fauchés par les flèches perforantes d’une portée de 250 mètres tirées par les arcs longs innovants de leur ennemi. Parmi les victimes se trouvait Gallois de Fougières, maréchal de France. Il fut effectivement le premier gendarme connu à être mort dans l’exercice de ses fonctions. L’officier en uniforme que nous connaissons aujourd’hui, le ‘, est un dérivé de ‘, ou des gens en armes (des armes), d’où l’expression ‘prendre les armes’.

Cherchez Azincourt sur la carte et vous ne la trouverez pas. Le village s’appelle en réalité Azincourt, niché dans la campagne luxuriante des Sept Vallées. Le changement d’orthographe est dû à une mauvaise prononciation de la part d’un chevalier anglais. Lorsque Henri V lui demanda le nom de la forteresse voisine, il le prononça Azincourt.

Vous pouvez toujours voir le terrain où a eu lieu la mise au jeu. La majeure partie est désormais constituée de terres agricoles et le tout est bordé de routes de campagne tranquilles – un circuit de 4 km à pied ou en voiture.

Au coeur du village, vous trouverez l’excellent musée Centre Azincourt 1415.

Centre Azincourt 1415 – Le Musée d’Azincourt

Vitrines de vêtements et d'armes médiévales

Le musée d’Agincourt totalement relooké (2021) a pour vocation de raconter l’histoire vraie des 15 grandsème La bataille du XXe siècle et fournit de nouveaux détails sur le conflit anglo-français surnommé la guerre de Cent Ans.

Le nouveau musée a été conçu par la professeure et auteure britannique Anne Curry, professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université de Southampton et par l’historien et auteur français Christophe Gillot, directeur du Centre. Ils se sont penchés sur les documents relatifs à la bataille d’Azincourt qui ont survécu dans les archives nationales du Royaume-Uni ainsi que dans les chroniques et les documents en France. Leurs travaux ont conduit à une nouvelle compréhension de la bataille.

Armures médiévales

La légende d’Azincourt

Pendant de nombreux siècles, une grande partie de notre « connaissance » d’Azincourt nous vient de William Shakespeare. Qui peut écouter sans être ému par les discours émouvants que prononce le roi d’Angleterre dans Henri V de Shakespeare (1599) :

Et
‘s’

Ce sont des mots qui ont inspiré à maintes reprises, représentant « l’anglais » et le triomphe face à l’adversité. Quelque 500 ans plus tard, le célèbre film de Laurence Olivier, sorti en 1944, était consacré aux commandos et aux troupes aéroportées qui ont rendu le jour J possible. Un bel acte de propagande.

Mais tout ce que nous croyons savoir n’est pas vrai. Le Centre Azincourt1415 s’efforce de dissiper les mythes et d’examiner la véritable et extraordinaire histoire de ce phénomène.

Le musée d’Azincourt donne de nombreuses informations de manière simple et compréhensible – en français et en anglais. Essayez des jeux comme Souverains de la guerre de Cent Ans. Découvrez ce que mangeaient les soldats, les paroles du Moyen Âge, les détails de la vie quotidienne, les vêtements de l’époque, les maladies, le traitement des blessures.

La section consacrée aux armures montre comment les différents grades étaient protégés. Bien entendu, plus vous étiez riche, meilleur était votre équipement. Une vidéo montre comment un chevalier enfile son armure (tâche pas facile). Et vous aurez la chance de sentir le poids d’un casque, de manier une épée médiévale et de ressentir la force nécessaire pour tirer avec un arc long. Des écrans interactifs pour jouer, des vidéos et des touches astucieuses : écoutez la Guerre de Cent Ans expliquée en 100 secondes.

Le Centre Azincourt 1415 organise chaque année des événements : banquets médiévaux, Nuit du Musée, expositions… (Voir le site Web ci-dessous pour plus de détails).

Que voir aux alentours et à propos

Mais Azincourt n’est pas la seule raison de faire escale dans cette charmante région aux terres agricoles vallonnées et douces, parsemées de petits villages et de fermes. Cinq petites rivières coulent vers le sud pour rejoindre deux rivières plus importantes – la Canche et l’Authie, d’où le nom des Sept Vallées. Rendez-vous à l’Office de Tourisme de la ville historique d’Hesdin pour obtenir des informations sur les activités de plein air telles que la randonnée, le vélo et la pêche.

Suivez la Canche à travers les Sept Vallées jusqu’à son estuaire au Touquet et vous passez par Montreuil-sur-Mer. Vaut vraiment le détour pour ses promenades sur les remparts, sa citadelle historique et ses rues pavées. C’est ici que Victor Hugo a tourné une partie des Misérables.

Montreuil est également devenue une destination prisée des gourmets, grâce à un nombre indécent de bons restaurants pour une ville de seulement 2 500 habitants. Savourez la cuisine étoilée d’Alexandre Gauthier à La Grenouillère sous les remparts. Ou encore une flammekueche traditionnelle au Caveau.

Montreuil regorge de boutiques indépendantes intéressantes, du genre de celles que l’on voit rarement dans les rues commerçantes britanniques de nos jours. Les amateurs de fromage devraient emporter un sac isotherme pour faire leurs courses à la Fromagerie Caseus sur la place Général de Gaulle. Un grand marché se tient sur la place le samedi matin. Au coin opposé, Aux Douceurs d’Antan propose une gamme de produits locaux allant des chocolats et biscuits à la soupe, à la confiture et à la bière. Les enfants adoreront Dragibonbons, une confiserie de la rue d’Hérambault qui fabrique ses propres « gâteaux » à thème à partir de bonbons. Tandis qu’Oliviers près de la Citadelle est une caverne d’Ali Baba de vins et spiritueux.

Par Gillian Thornton et Janine Marsh

DÉTAILS

Centre Azincourt 1415, 24 rue Charles VI, 62310 Azincourt, www.azincourt1415.com
Ouvert toute l’année : 10h-17h30 sauf le mardi (10h-16h30) ; juillet/août : 10h-18h30

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