Hôtel Belles Rives Antibes sud de la France

Les paroles frivoles de Cole Porter auraient très bien pu résumer l’ambiance sur la Côte d’Azur lorsque la chanson a été publiée en 1927.

« Il y a quelque chose de sauvage chez toi, mon enfant, c’est tellement contagieux. Soyons scandaleux, conduisons-nous mal !!! »

Non seulement Porter a écrit la chanson, mais il est fort probable que Porter l’ait travaillée pendant qu’il traînait avec Zelda et F. Scott Fitzgerald. Ils séjournaient dans la Villa Saint-Louis qu’ils louaient sur la rive d’une crique pittoresque à l’ouest de l’emblématique Cap d’Antibes. Les Fitzgerald adoraient faire la fête avec leurs amis de l’ère du jazz. La foule semi-bohème comprenait des Américains fortunés et des artistes, des écrivains et des parasites en visite. Picasso, Hemingway, Cocteau, John Dos Passos, Gertrude Stein et Dorothy Parker n’étaient que quelques-uns des habitués. Porter était un habitué du piano dans la salle de musique de la Villa Saint-Louis, surplombant la Méditerranée scintillante.

D’après les témoignages recueillis notamment par Fitzgerald, ainsi que par des lettres, des entrées de journal et des souvenirs enregistrés par d’autres dans les années folles, la Côte d’Azur était un endroit plutôt sauvage. C’était aussi, et c’est toujours, un littoral légendaire d’une beauté et d’une lumière incomparables qui inspirent les artistes à s’y installer et à créer.

La Belle de la Côte d’Azur

Vue depuis le bar de l'Hôtel Belles-Rives surplombant les eaux bleues de la mer Méditerranée

Depuis 1929, la Villa Saint-Louis, propriété privée, est connue sous le nom d’Hôtel Belles Rives. À l’époque, c’était le seul hôtel sur l’eau de la Côte d’Azur. Et depuis 2001, la gracieuse propriétaire de la troisième génération, Marianne Estène-Chauvin, dirige son joyau 5 étoiles de 43 chambres avec la volonté claire de préserver le meilleur des années Fitzgerald.

L'affiche du film Tendre est la nuit de F Scott Fitzgerald montre la côte d'AntibesL’atmosphère devient électrique dès que l’on pénètre dans le hall élégant et accueillant de cette élégante demeure Art Déco avec son ascenseur unique et décoré. Des photos en noir et blanc de Fitzgerald, de sa femme tourmentée Zelda et de leur fille Scottie, en vacances dans la propriété, sont accrochées aux murs. Une plaque de marbre bien placée cite une lettre qu’il a écrite à Hemingway : « Depuis que nous sommes de retour dans une belle villa sur ma chère Riviera (entre Nice et Cannes), je suis plus heureux que je ne l’ai été depuis des années. C’est l’un de ces moments étranges, précieux et trop éphémères où tout dans la vie semble aller pour le mieux. »

On imagine l’auteur scrutant la baie baignée de soleil, « la mer d’un bleu féerique » comme il le décrit. Son regard se prolongeait jusqu’aux collines du massif de l’Estérel à l’ouest de Cannes, peut-être à la recherche de sa muse. Il a écrit de nombreux textes pendant son séjour de près de deux ans et s’est inspiré de son chef-d’œuvre, .

A l’intérieur de l’Hôtel Belles-Rives

Il n’est pas surprenant que la chambre 50, la chambre Fitzgerald, doive être réservée longtemps à l’avance. Pourtant, chaque chambre du Belles-Rives offre un niveau de confort et une décoration de bon goût dignes d’un membre du groupe Small Luxury Hotels Of The World. Les auvents à rayures bleues sont l’un des nombreux détails qui sont restés les mêmes pendant près d’un siècle.

Après avoir été accueilli chaleureusement par un personnel de réception et de conciergerie bien formé, le bar Fitzgerald, situé à côté du hall, séduit le visiteur. Les œuvres d’art époustouflantes, le piano à queue et le style Art déco authentique… le bar en cuir, les dessus de table en miroir, les tissus à motifs léopard offrent une invitation intime et élégante à la flânerie. La vue panoramique sur Golfe-Juan et la Baie de Cannes crée sa magie quelle que soit l’heure. Les couchers de soleil, il faut le dire, sont souvent inoubliables.

Un grand patio vous accueille avec ses palmiers en pot luxuriants, ses tables ombragées par des parasols surmontées de nappes blanches immaculées et ses luminaires Art déco. La couleur bleu électrique des touches imite les nuances de la mer azur. Un autre escalier mène à l’eau et à d’autres salles à manger élégantes, perpétuant le thème bleu et blanc si complémentaire au cadre méditerranéen.

Restaurant élégant avec tables recouvertes de nappes blanches

De retour dans le hall depuis la terrasse, les œuvres d’art de bateaux accrochées aux murs et le mobilier discret créent l’illusion de se préparer à un voyage. On a l’impression d’être sur un paquebot aux beaux jours des traversées transatlantiques. On pénètre dans la salle à manger étoilée Michelin, La Passagère. La cuisine met l’accent sur les fruits de mer locaux et les desserts de qualité supérieure sous la direction de certains des meilleurs chefs de France.

Les colonnes audacieuses de style temple de Louxor recouvertes de mosaïque de marbre créent une impression de structure spectaculaire. Les fresques géométriques sur les murs ont été découvertes lorsque le papier peint, appliqué après la Seconde Guerre mondiale, a été retiré en 2001 pour installer la climatisation. Elles offrent une toile de fond efficace à la superbe exposition d’art en céramique et en verre créée par des artisans locaux qui complète la collection d’art des années 1930.

Un lustre élaboré et époustouflant est suspendu au-dessus de la table du commandant/capitaine. Avant de consulter le menu, l’art est le plat principal ici : de grandes sculptures inspirées de Léger encadrent la pièce, des sculptures égyptiennes, de la céramique flammée aux couleurs primaires, la terre rouge, des assiettes en porcelaine Bernardaud peintes à la main sur fond blanc, la terre blanche, du verre soufflé à la main provenant des verriers qualifiés de Biot à proximité.

Dans la bibliothèque, Cole Porter jouait du piano. Gerald Murphy, un riche ami américain de Fitzgerald (qui, avec sa femme Sarah, fut le premier de ce groupe à découvrir la Riviera), avait rapporté des États-Unis un phonographe portatif, le premier sur la côte. La musique de l’ère du jazz remplissait fréquemment cette pièce. D’autres musiciens s’y infiltraient parfois. Les fêtes bruyantes étaient la norme.

Aujourd’hui, la salle présente également les portraits et les trophées des lauréats du Prix littéraire Fitzgerald. Créé par Madame Chauvin en 2010, les candidatures sont évaluées par un jury d’écrivains et de critiques distingués. Le lauréat est un auteur dont le style ou les thèmes intéressent Fitzgerald. Le prestigieux prix est décerné début juin.

Vue de la baie d'Antibes FranceL’histoire humaine de l’Hôtel Belles-Rives

De tous les récits qui ont présidé à la fondation de l’Hôtel Belles Rives, le plus célèbre est sans doute celui de Madame Marianne Estène-Chauvin. Ses souvenirs commencent par des vacances d’enfance chéries dans ce complexe appartenant à son grand-père émigré russe et à sa grand-mère française. La villa d’origine a été agrandie de deux étages et d’une aile ouest. Restauré avec amour, l’hôtel a joué un rôle majeur tout au long de sa vie, chaque génération de la famille Estène poursuivant son dévouement à être des hôteliers de distinction.

Lorsqu’elle a exprimé pour la première fois son intérêt à devenir propriétaire, elle n’a pas été prise au sérieux. « Après tout, je suis une femme. Et il y a beaucoup d’autres postes au sein de l’entreprise qui me conviendraient mieux. Je me suis impliquée dans la décoration et les relations publiques… un travail de femme. »

La persévérance a porté ses fruits. Ironiquement, la semaine où elle devait prendre les rênes du restaurant, son oncle, qui devait l’aider à s’habituer à son nouveau rôle, a été victime d’une grave crise cardiaque. Soudain, elle s’est retrouvée plongée dans l’entreprise. Elle a rapidement eu un plan. Elle a modifié l’horaire saisonnier pour ouvrir toute l’année, a aménagé la plage et a réalisé son rêve d’ouvrir un restaurant gastronomique. Le nom, La Passagère, évoque non seulement un passager sur un navire, mais aussi une philosophie selon laquelle nous sommes des passagers dans le temps.

Par Patricia Sands, auteur à succès de la série Love In Provence, sa lettre d’amour à la France. Elle écrit et partage régulièrement ses photographies de la Provence-Alpes-Côte d’Azur sur patriciasandsauthor.com

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